Par Philippe Renaud. En cette année où l’on souligne le centième anniversaire de naissance de la légendaire soprano Maria Callas, le Théâtre des Deux Rives vous propose une création signée Sophie Faucher et Anne Bryan, comme « un survol, en mots et en musique », de l’immense carrière de la cantatrice.

Sophie Faucher, actrice, autrice, et désormais chanteuse ? « Non, je ne chante pas ! », dissipe-t-elle d’entrée de jeu, rappelant du même souffle avoir déjà incarné La Callas sur scène. C’était il y a deux ans, dans le rôle-titre de la pièce Les leçons de Maria Callas, traduction de Master Class, œuvre écrite en 1995 par le dramaturge américain Terrence McNally. Elle avait travaillé dur sur ce projet, présenté seulement quatre fois en 2021, lors du Festival d’opéra de Québec.

Intitulée Une voix pour être aimée : Maria Callas, cette nouvelle création, qui verra le jour à la Place des Arts en septembre, sera mise en scène par Marc Hervieux, lequel tiendra le rôle du dernier confident de la chanteuse, le ténor Giuseppe Di Stefano.

« Or, il se trouve que Marc Hervieux et moi avons enregistré toute une série d’émissions pour raconter La Callas, Je chante ma vie, diffusée à la radio de Radio-Canada, et dont j’assurais la recherche. Après tout ça, j’ai dit à mon producteur : j’ai l’impression de connaitre tellement le sujet en profondeur que je pourrais inventer quelque chose autour de sa vie. »

Voir Maria Callas

Après avoir incarné Maria Callas la professeure de chant il y a deux ans, Sophie Faucher interprète La Callas sur son déclin, celle des dernières années de sa vie : « Elle a alors perdu sa voix et ne sait plus chanter, je n’aurai pas à vous imposer mon chant ! », dit l’actrice, le sourire dans la voix. À ses côtés, Marc Hervieux chantera, et le public pourra réentendre les airs célèbres des rôles de la diva « puisqu’elle écoutait elle-même sans relâche ses propres enregistrements ».

Ses dernières années, l’icône de l’opéra, décédée à Paris en 1977 à l’âge de 53 ans, les aura vécues dans une profonde solitude, le cœur brisé par son grand amour Aristote Onassis qui l’a quittée pour épouser Jacqueline Kennedy. Coïncidence : le cinéaste chilien, à qui on doit incidemment un film sur Jackie Kennedy, a annoncé un projet de film se penchant précisément sur cette période de la vie de Maria Callas, qui sera jouée à l’écran par Angelina Jolie.

« Ce centenaire, c’est le meilleur prétexte pour passer à travers toute sa vie », explique Sophie Faucher qui s’est appuyée sur plusieurs ouvrages biographiques pour l’aider à imaginer la grande musicienne, seule (ou presque) dans son appartement parisien, à ressasser sa gloire passée.

« Moi, si Maria Callas avait été une amie, je l’aurais encouragée à ce moment-là à redonner des cours, affirme Sophie Faucher. Elle était si douée comme professeure, douée pour la transmission de la technique, de la discipline, de sa vision du métier de la scène. La scène, c’était sacré pour elle, tout comme pour moi, et elle était si heureuse à la Julliard School (de New York). Mais bon, ce ne fut pas son choix. »

Sophie Faucher se servira certainement de son expérience dans le rôle de Les leçons de Maria Callas pour la personnifier à nouveau. « Oui. Son énergie, la gestuelle qu’elle avait et que j’ai étudiée… Mais ce sera une Maria plus souffrante qui vous sera montrée, relève-t-elle. Une Maria qui ne manque toutefois pas d’humour, malgré tout ! Une femme lucide par rapport à son sort, qui fait preuve de dérision. C’est un si beau personnage, une femme que j’admire complètement et que j’aurai du plaisir à jouer sur scène. »

Une voix pour être aimée : Maria Callas
8 octobre 2023 à 15 h 30
Salle Desjardins
Théâtre des Deux Rives

Photo Laurence Labat